Pâtes à l’huile de ma tendre enfance

Personne ne niera que les pâtes à l’huile cuisinées par notre mère demeurent à jamais le plat le plus exquis, indépassable même par les plus grands chefs, tout simplement irremplaçable. Car il y a tout plein de souvenirs qui accompagnent ce plat: lorsque cuisiné par notre mère, ça nous ramène à notre tendre enfance. Les pâtes à l’huile sont commes les madeleines de Proust du commun des mortels: elles nous replongent dans cette époque révolue, où nous étions dorlotés par de doux mirages, où tout était encore promis. Les pâtes à l’huile étaient bel et bien cette récompense, un moment réconfortant, qui rythmaient nos journées — assis autour de la table familiale, à parler de notre journée, devant des pâtes à l’huile.

« Tu n’auras pas tes pâtes à l’huile tant que tu n’auras pas terminé ton assiette! »

Mais on ne mangeait pas des pâtes à l’huile tous les jours, car c’était un plat bien trop spécial. Je me souviens surtout qu’étant petit, à la maison, j’avais seulement le droit aux pâtes à l’huile lorsque j’avais terminé ma première assiette de spaghettis. Dans mon cas, comme de nombreux autres enfants, les pâtes à l’huile tenaient lieu de dessert, de crème glacée, ce plat que nous préférions manger en premier mais que nos parents nous forçaient à garder pour la fin.

Un plat intergénérationnel

J’ai donc demandé à ma tendre mère d’où elle tenait sa recette de pâtes à l’huile de mon enfance et comment elle les préparait. Au début, ma mère n’était pas chaude à l’idée de dévoiler ses secrets; heureusement, pour le bien de la cause, elle décida de céder à ma demande. Voici le récit qu’elle me fit:

Tu veux donc connaître, fiston, la petite histoire des pâtes à l’huile!

Savais-tu que manger des pâtes à l’huile, c’est une habitude de ma grand-mère Artémise qui mangeait jadis des pâtes à la margarine avec un soupçon de sel? Et dire qu’elle a vécu jusqu’à 101 ans, notre chère Artémise!

Et ma propre mère, bien entendu —et tu le sais très bien—, a conservé ce plat dans son répertoire. D’ailleurs, je l’ai revue dernièrement, et devine ce qu’elle mangeait!

C’est moi-même qui a adapté la recette à la longue, sans trop m’en apercevoir. Avec le temps, pendant ces années passées en Europe, les pâtes à la margarine de grand-mère Artémise se sont transformées un ti-brin. J’ai adapté sa recette avec des saveurs locales. J’ai découvert qu’elles étaient encore plus succulentes avec un long filet d’huile d’olive de premier qualité, une gousse d’ail, du sel de mer et un peu de persil frais!

Voilà, mon cher fiston, d’où  provient ce fameux plat que je te servais quand tu étais petit. Quel bon temps!

Voilà qui en dit long sur moi, et sur ma passion des pâtes à l’huile. Vous ne pouvez pas y croire tant que vous n’aurez pas goûté aux pâtes à l’huile de ma mère!

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